/ CH Saint Jean de Dieu
En partenariat avec l’Université Lumière Lyon 2 et le Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes (LARHRA), cet événement a attiré un public large et varié.
Une réflexion sur la famille au fil du temps
Le colloque s’est ouvert sur une introduction de Mathis Farcy, doctorant en histoire à l’Université Lumière Lyon 2 et co-organisateur de l’événement, qui a souligné la diversité des liens entre familles et psychiatrie. « L’objectif de ces journées était de déconstruire une vision trop réductrice de la famille, souvent associée à un modèle dit nucléaire (un papa, une maman, des enfants). Dès le XIXe siècle, dans les hôpitaux psychiatriques, on voit que le spectre des proches qui entourent un patient est large, allant des cousins aux grands-parents, en passant par les amis qui jouent aussi un rôle clé», Il nous rappelle que la notion de famille est beaucoup plus vaste et complexe qu’on ne le pense communément.
Au-delà de la réflexion historique, ces journées ont permis de poser des questions essentielles et d’actualité : que signifie « faire famille » ? Quels liens unissent les familles et l’institution depuis deux siècles dans une perspective historique, personnelle et dans la pratique professionnelle ? Différentes interventions, réalisées par des personnes de tous horizons, sont venues discuter ces questions et bien d’autres.
Des perspectives historiques et interculturelles
En revenant sur les archives des hôpitaux psychiatriques, Mathis Farcy nous montre que la famille, loin d’être un ensemble uniforme, peut renvoyer à un ensemble de relations qui varient selon les époques et les contextes. L’histoire de la psychiatrie montre d’ailleurs que l’entourage des patients est un acteur central du parcours de soins, bien avant que leur place ne fasse l’objet d’une attention systématique.
Des interventions plus spécifiques ont également enrichi la réflexion sur des aires culturelles différentes: La présentation de Raphaël Gallien, centrée sur Madagascar, a permis de comparer la place de la famille dans des contextes où la médecine traditionnelle et la psychiatrie se croisent. De même, des réflexions sur les pratiques psychiatriques au Burkina Faso ont montré l’importance des réseaux familiaux élargis dans la prise en charge des patients.
Un enjeu de société : lien entre familles et psychiatrie
Si le modèle institutionnel a beaucoup évolué, la question de l’accompagnement des proches reste un enjeu central. La place de la famille durant l’hospitalisation, le soutien des aidants et la collaboration entre proches et professionnels de santé sont des thématiques toujours d’actualité, comme l’ont souligné les nombreux témoignages de familles et de professionnels présents. « Cette rencontre enrichit le regard des chercheurs, des soignants et des familles, et c’est ces échanges qui ont fait la force de ces journées ».
Les intervenants ont aussi abordé des concepts clés, comme celui du « rétablissement » qui met l’accent sur le rôle central de la personne concernée et de son entourage dans le processus de soin. À travers cette notion, l’importance du soutien familial et de l’intégration des proches dans le parcours de soin a été largement discutée.
Une conclusion ouverte et tournée vers l’avenir
Au terme de ces deux journées, Mathis Farcy souligne la richesse des échanges et des perspectives ouvertes par ce colloque. « cet événement a permis de croiser des approches scientifiques et des témoignages personnels, en réaffirmant l’importance du dialogue entre histoire et pratique professionnelle dans le domaine de la psychiatrie. »
Un moment de partage fructueux, où les familles, les soignants, les chercheurs et les personnes concernées ont pu échanger sur une question essentielle : celle de la place de la famille dans la prise en charge psychiatrique, hier et aujourd’hui. Une thématique qui, loin d’être figée, continue d’évoluer et de susciter des débats dans notre société.
Les contributions au colloque feront l’objet d’une valorisation, permettant ainsi de prolonger les réflexions initiées lors de ces deux journées. Un grand nombre de participants ont exprimé leur souhait de voir ces échanges se poursuivre, avec la possibilité de renouveler ce type d’événements dans le futur.