/ Témoignage
Aujourd’hui, être pair-aidant, c’est être un professionnel formé à cet effet, occupant une place à part entière dans une équipe médico-sociale et s’investissant quasi quotidiennement dans sa mission.
Pourtant, des personnes encore très fragiles, et pour qui les troubles psychiques sont encore trop présents pour se lancer sur le chemin de la pair-aidance savent d’ors et déjà partager leur expérience, soutenir l’autre dans un moment délicat. Dans ce cas, la pair-aidance commence par le geste de guider l’autre, comme on a su se guider soi-même, pour éviter de trébucher, par s’engager, selon ses envies et ses capacités, en s’appuyant sur son propre processus de rétablissement.
Au Foyer de vie La Chevanière, des résidents s’investissent pour penser et agir auprès des personnes bénéficiant d’un accueil temporaire. Depuis novembre 2021, un groupe de résidents et de résidentes, avec l’éducateur référent des accueils temporaires se réuni afin de structurer et valoriser la dynamique d’aide au sein du foyer. Une chose anime ce groupe : savoir qu’avec l’autre, avec l’expérience et l’appui, même discret, de celui qui a traversé des sentiers similaires, esquisser les contours d’un rétablissement devient une perspective possible. Il s ’agit aussi de reconnaître et de mettre en lumière les gestes des résidents envers leurs pairs.
Florent THEUIL, Educateur Spécialisé – responsable accueil temporaire
Samira est arrivée la semaine dernière pour son premier accueil temporaire de deux semaines au foyer. Dans son quotidien à l’hôpital, elle prend parfois les transports en commun. Au foyer, les lignes de bus sont différentes, les trajets lui sont inconnus. Samira n’imagine pas pouvoir se rendre en autonomie à l’activité danse qui se déroule au centre-ville de Macon.
Clara est résidente du foyer depuis plusieurs années et, comme les autres danseuses et danseurs engagés dans l’activité, elle est désormais autonome dans son déplacement pour aller travailler chorégraphies et pas de salsa. Clara parvient à ne pas se disperser, à ne pas se laisser glisser dans les rues de la ville pour retrouver de mauvaises fréquentations. Elle parvient, dans son trajet pour aller danser, à éviter la tentation d’une conduite à risque. Cela lui coûte sans doute…
… mais cette semaine, c’est elle, Clara, qui permettra à Samira de se rendre sereinement à l’activité. Clara aidera Samira à tracer le chemin allant du foyer à la salle, de la salle au foyer, sans embuche.